La prévention doit se façonner avec l’esprit du siècle
La prévention : un chemin de vie vers soi, vers l’autre et vers l’environnement
Intégrer la prévention au quotidien est une philosophie de vie indispensable. C’est la stratégie que toutes les démocraties doivent désormais instaurer. Le paradoxe est que face aux immenses défis à venir, il y a de moins en moins de moyens financiers, techniques et humains pour asseoir une politique de prévention durable. Dans un monde où l’économique prime sur le culturel et l’humain, la prévention ne peut pas s’exprimer : on empêche les citoyens de penser, de prendre le temps de vivre, de bien s’alimenter, de se tourner vers leur environnement. La prévention prône le respect de soi, il faut intégrer cela dès le plus jeune âge.
Il ne s’agit pas, par ailleurs, d’opposer la prévention à la médecine. Il est fondamental que ces deux pratiques médicales s’équilibrent dans leur efficacité. L’objectif est de promouvoir de façon équilibrée les deux concepts afin d’être en mesure de susciter chez le citoyen une meilleure responsabilisation et de donner aux professionnels la capacité d’être plus pertinents et performants.
La responsabilisation des citoyens, une urgence avant 2030
Certes, s’il est nécessaire que chaque citoyen se prenne en charge, encore faut-il qu’il retrouve une cohérence dans les discours sur les sujets scientifiques pour le guider et l’accompagner. Pour cela il faut préparer dès que possible un espace de dialogue avec des outils interactifs qui auront pour rôle de susciter l’éveil du citoyen, le suivre dans ses efforts et en démontrer l’efficacité.
Cette prévention s’adressera à tous. Si nous considérons la prévention uniquement par le prisme de l’équilibre alimentaire et de la santé (de très nombreux autres thèmes devront être abordés). Nos enfants de moins de trente ans ont de nombreuses menaces à affronter ces cinquante prochaines années. Outre le défi environnemental, ils vont devoir intégrer chaque jour le réapprentissage du respect de soi afin de maîtriser la pérennité de leur santé. Les outils créés pour la E-Prévention seront en mesure d’aider chaque citoyen à se prendre en charge.
Réapprendre à devenir un citoyen acteur de la prévention
La déstructuration alimentaire et la méconnaissance de la science des aliments ont des conséquences désastreuses en termes de santé publique : en 2016, une personne sur deux est en surpoids en France[1]. Près de 20% des enfants de moins de 15 ans sont en surcharge pondérale[2] et une fois acquise, elle est très difficilement réversible. Des travaux indiquent que le surpoids favorise, tant chez les hommes que chez les femmes, les cancers de l’œsophage, du côlon et du rectum, du foie, de la vésicule biliaire, du pancréas, du rein. Chez les hommes, s’ajoutent plus spécifiquement des risques de cancers de l’estomac et de la prostate, et chez les femmes des risques de cancers du sein, de l’utérus et du col. On parle désormais d’une véritable épidémie de diabète, qui touche plus de 3 millions de personnes[3] dans l’Hexagone et près de 500 millions dans le monde – une personne meurt du diabète toutes les six secondes[4]. Les moins de 40 ans subissent une nette augmentation du risque d’hypertension et d’infarctus (170 000 morts par an de maladie cardiovasculaire en France), qui désormais touchent autant les femmes que les hommes. Sans parler de l’ostéoporose, de l’anorexie et autres fléaux des mauvaises habitudes alimentaires à travers le monde. Les pathologies associées à une mauvaise nutrition pèsent de plus très lourd dans les dépenses de l’Assurance Maladie – elles coûtent 5 milliards d’euros par an, la part attribuée à la mauvaise nutrition atteignant 800 millions d’euros[5].
Les limites de certains programmes de prévention
La France a été l’un des premiers pays européens à se doter, dès 2001, d’un plan de santé publique : le Programme National Nutrition Santé (PNNS) « visant à améliorer l’état de santé de la population en agissant sur l’un de ses déterminants majeurs : la nutrition ».[6] Ce programme avait entre autres pour objectifs de réduire la prévalence du surpoids et de l’obésité chez l’enfant, la consommation de sel ou de sucre, et d’augmenter la consommation de fruits chez les adultes. Mais aujourd’hui, plus de quinze ans après son lancement, on peut conclure à un échec. La gouvernance du programme est restée au niveau de l’incitation. Un trop petit nombre de personnes ont été touchées par ces actions et on considère que son impact collectif est faible.
Réapprendre la grammaire de l’équilibre alimentaire
Nous sommes ce que nous mangeons à la molécule près : cet axiome constitue la fondation des connaissances en nutrition humaine et le socle de la pensée pour une société respectueuse d’identité, de culture et de liberté.
Déplorons que l’illettrisme alimentaire gagne du terrain. Bon nombre de nos concitoyens ne sont maintenant plus en mesure de comprendre la qualité de ce qu’ils consomment compte tenu de l’extrême complexité des étapes de productions agricoles.
Cette indigence de connaissance sur la science de la production alimentaire provoque un effondrement économique dans toutes les filières agricoles et une absence de reconnaissance des agriculteurs, promoteurs de produits de qualité. L’agriculteur est le premier maillon de la chaîne santé de notre nation. La sécurité pour un peuple est de pouvoir se nourrir grâce à des filières agricoles apportant la santé.
La disparition de nos producteurs de qualité serait un drame en matière de santé publique. Notre liberté nationale est en péril si nous n’intégrons pas ces notions avant 2030. Réapprenons donc à devenir un citoyen acteur de la prévention.
Nous souhaitons évidemment mettre en exergue une alimentation variée, traditionnelle, régionale, saisonnière et inscrite dans l’histoire d’un bassin de vie. Ce sont des producteurs, des commerçants, des industriels, des consommateurs qui partagent un même environnement, un même terroir, une mémoire alimentaire identique, construite au fil du temps.
Par exemple, les consommateurs ne savent plus comment les œufs, la volaille, le blé, la farine sont produites. En leur présentant la remarquable qualité des productions des filières, cet acte d’éducation est une première pierre à placer sur l’édifice de la prévention nutritionnelle.
Il y a moins d’un siècle, environ 200 produits différents composaient « la matière première alimentaire de base » de l’humanité. Ils permettaient de constituer des plats traditionnels comme le petit salé aux lentilles, les mets asiatiques, la paella, les spaghettis à la bolognaise, le chili con carne, la soupe au pistou, la poule au pot, le couscous. Depuis des millénaires, ces plats traditionnels issus de cultures différentes possèdent un point commun : ce sont des repas « santé ».
Les préparations du terroir écrivaient par conséquent les tables de la loi d’une alimentation répondant à l’ensemble des besoins, sans excès ni carences exagérées. Or, les cuisiniers de l’époque, professionnels ou non, n’avaient pas conscience de la valeur nutritionnelle de leur gastronomie. Leur cuisine était bonne pour les papilles.
Comme le disait Hippocrate : « Notre alimentation est notre meilleure médecine. » Manger nous construit, manger nous répare lorsque l’alimentation est équilibrée.
Cependant la nourriture est de moins en moins variée et les mets ancestraux sont négligés au profit d’une alimentation déstructurante. Aujourd’hui, les 200 000 produits offerts aux consommateurs n’apportent pas une réponse adaptée aux attentes du consommateur-citoyen.
Il n’est pas question de défendre un passéisme alimentaire. Il est question de susciter auprès de chacun l’envie de manger des produits régionaux, de saison, dont les méthodes de production préservent l’environnement et répondent aux besoins physiologiques. Nous devons nous obliger à acheter auprès de producteurs respectueux de l’ensemble des critères présentés.
Afin de défendre ce paradigme de la prévention, sommes-nous prêts à faire ces choix ?
États, institutions, industriels, grandes enseignes, consommateurs, sommes-nous prêts à modifier radicalement nos habitudes de consommation, de production pour rester en bonne santé ?
Tout est une question de responsabilisation et d’éducation dès le plus jeune âge. Il faut donc que la culture imprime chez nos enfants une envie de se faire plaisir en mangeant, en organisant une agriculture respectueuse de la faune, de la flore, de l’environnement et de l’homme. Et maintenant de la planète toute entière. Afin d’atteindre ces objectifs, il sera nécessaire que les familles s’impliquent dans cette vision dès la naissance. En effet, les enfants apprennent à lire, à écrire et à compter. Il faut qu’ils apprennent la grammaire de l’équilibre alimentaire et celle de la science de production agro-alimentaire.
Le salut jaillira d’une nouvelle philosophie de vie. Produire et consommer local, régional. Connaître ses racines, son identité culinaire, la saisonnalité des fruits et des légumes. Pour réaliser le rêve des hommes : se nourrir en respectant la planète et les besoins de l’humain. Peut-être est-il temps de proposer un fil d’Ariane à tous ceux qui souhaitent trouver l’issue de ce labyrinthe qui débouchera, enfin, sur une alimentation raisonnable, raisonnée et Bio avec l’obligation de résultat !
Dans ce domaine alimentaire, des outils d’accompagnement de la E-Prévention doivent être proposés dès que possible aux citoyens afin qu’ils intègrent la qualité de production agricole « de la terre à la fourchette ». Ces outils d’E-Prévention les accompagneront au moment des achats, en cuisine et ils comprendront alors que les bons aliments réparent jusqu’aux neurones et jusqu’à l’immunité…
La prévention, un investissement rentable
La prévention a certes un coût, mais celle-ci est surtout source de profit à moyen terme. De nombreuses études démontrent que les investissements réalisés en matière de prévention apportent des bénéfices quel que soit la nature des risques sur lesquels les investissements sont effectués. Voici des exemples analysés en entreprises :
En Europe, la facture des dépressions liées au travail s’élève à 617 milliards par an, selon une donnée reprise par l’Agence européenne pour la santé et la sécurité au travail (EU-OSHA)[7]. Le présentéisme et l’absentéisme pèsent pour 272 milliards d’euros tandis que la perte de productivité représente 242 milliards d’euros. Dans son rapport, l’Agence européenne indique que pour un euro investi dans la prévention des risques psychosociaux, le bénéfice net peut aller jusqu’à plus de 13 euros. En 2010, l’agence annonçait un retour sur investissement de 2,4 à 4,8 euros pour un euro investi dans la promotion de la santé au travail.
En France, l’enquête menée par l’Organisme Professionnel de Prévention du Bâtiment et des Travaux Publics (OPPBTP) confirme l’atout économique de la prévention. L’analyse chiffrée[8] basée sur 181 actions de prévention, dégage un rendement moyen de 2,2.
L’enquête met en évidence la contribution de la prévention à l’excellence opérationnelle. Les gains observés se situent sur les axes majeurs que sont la productivité, les achats, la qualité et la marge.
Les résultats éloquents de ces exemples illustrent la nécessité d’agir et de poursuivre ces analyses économiques afin d’encourager la nation à intégrer la prévention au quotidien.
Les outils de E-Prévention seront des accompagnateurs bienveillants de vie nécessaires pour des individus et/ou des familles qui souhaiteront un soutien dans cette dynamique de la prévention et de la santé.
[1] LeMonde.fr
[4] Federationdesdiabetiques.org
[6] Mangerbouger.fr
[7] Rapport : calculer les coûts du stress et des risques psychosociaux liés au travail (2014)
[8] Etude prévention et performance – une approche économique de la prévention – OPPBTP (2014)
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