• 25 JUIN 15
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    Se responsabiliser… Un bien commun… C’est une question de culture

    Prenez en main votre santé, assumez des pratiques raisonnées, vous agirez immédiatement sur votre bien-être, sur votre qualité de vie, j’irais jusqu’à dire sur votre espérance de vie. Suivez les règles d’hygiène de vie, surveillez vos pratiques alimentaires, vous éviterez certaines maladies.

    Vous vous sentirez tout simplement mieux. Par votre propre volonté, vous pouvez vous responsabiliser.

    Les stratégies de prévention doivent être réalistes et s’appliquer à chacun des contextes concernés. Il faut aussi prendre en compte les facteurs qui agissent sur notre santé dont nous ne sommes pas responsables : la pollution, les conditions climatiques, les éléments issus de la recherche dont les dangers potentiels restent flous comme les ondes de téléphones, les antennes relais, les médicaments qui provoquent des effets secondaires délétères. Par ailleurs, la qualité intrinsèque des aliments pose de nombreuses questions : d’abord sur les techniques de production agricole, comme avec le développement du « bio » ; sur les contrôles dans l’industrie agroalimentaire : parlons par exemple de l’huile de palme, du sucre en excès… Elle pose aussi question sur la fiabilité des études sur les produits issus de la recherche comme les OGM, sur l’uniformisation internationale des standards et sur la définition des labels de qualité. Enfin, n’oublions pas les facteurs économiques et sociaux : les produits alimentaires de bonne qualité, raisonnés ou bio avec obligation de résultats ne sont pas distribués de manière homogène. Il y a donc de fortes inégalités sociales dans l’accès aux bons produits : ce sont les catégories sociales aisées qui essaient de manger équilibré et les catégories les moins favorisées qui souffrent majoritairement d’obésité. Et en parallèle, il faudrait également responsabiliser l’ensemble de la chaîne : les agriculteurs, les logisticiens, les industriels, les distributeurs et les consommateurs.

    Si l’individu responsabilisé agit sur sa propre vie, il intègre également l’idée du bien commun, de l’intérêt collectif.

    Et cette idée du bien commun concerne l’ensemble de la société : politique, économique, entrepreneuriale, sociale, culturelle. Que l’État, les institutions, les organisations puissent anticiper les conséquences de leurs actions et qu’ils soient capables d’en rendre compte devient un souci démocratique, fondé sur le contrôle du pouvoir, des décisions, sur la mise en place de garde-fous pour éviter les dérives possibles, sur un système de « checks and balances » dans les modèles anglo-saxons. Ceci est lié à l’esprit de la démocratie représentative.

    Le bien commun nécessite une responsabilisation de la sphère publique et aussi privée. Responsabiliser les organisations privées sera facteur d’efficacité économique.

    Les effets de la responsabilisation peuvent se voir au niveau macro. Un individu responsabilisé prend en compte les conséquences de ses actions au niveau de la cité et se préoccupe de l’intérêt général : il deviendra un bon citoyen.

    Responsabiliser ne doit pas conduire à se désolidariser des autres ou à renforcer les inégalités d’accès au soin. Le système de santé, français notamment, est pensé comme un système d’assurance, où l’on mutualise les risques, et où le jugement moral ne doit pas intervenir.

    Pour autant, une réflexion sur l’organisation des systèmes de santé occidentaux est souhaitable et certaines réformes sont nécessaires. La réflexion sur l’égalité devant les prestations par exemple doit être engagée : responsabiliser pourrait être aussi de faire payer plus cher ceux qui le peuvent. Le livre d’un des spécialistes américains de cette question, Michael Porter : Redefining healthcare, édité en 2007, est précieux.

    Enfin, nul ne saurait nier que les campagnes antitabac sont apparues au moment où les premières class-actions se sont développées aux États-Unis. Ainsi, l’information « le tabac tue », inscrite sur les paquets de tabac, sert-elle aussi – surtout ? — à prémunir l’industrie du tabac (et les pouvoirs publics qui en autorisent le commerce) des risques de poursuites judiciaires et d’indemnisations faramineuses qu’elles entraînent.

    Il semble parfois plus simple de fuir ses responsabilités. Or un comportement responsable demande une certaine forme de courage, d’effort et souvent de formation.

    Alors comment se convaincre ? Se motiver ? Comment vous convaincre ? Vous motiver ? Nous devons prendre conscience que nous agissons dans notre propre intérêt, dans l’intérêt de notre propre santé. Et puis n’est-il pas gratifiant, satisfaisant, d’agir, de se comporter en toute conscience pour l’intérêt général, pour sa famille, ses propres enfants ?

    Des freins existent : le manque d’éducation, l’ignorance des bons gestes, l’incapacité à se prendre en charge. D’un point de vue juridique, certaines personnes sont jugées irresponsables parce qu’elles n’ont pas les moyens physiques, psychiques, de prendre des décisions, d’agir dans leur propre intérêt ou de prendre en compte celui des autres. Il peut aussi exister des blocages psychologiques, des contraintes socio-économiques et culturelles. Certains peuvent aussi éprouver des difficultés à faire des choix « raisonnables » : ils préféreront des plaisirs immédiatement plus accessibles, faciles, dépourvus de contraintes.

    Il faut travailler par conséquent sur la notion de temporalité. Tout est question d’appréciation du temps : le court terme ne fait pas loi.

    D’un point de vue individuel, le plaisir immédiat comme la consommation de tabac et d’alcool, la consommation de produits gras ou sucrés priment souvent l’anticipation d’un bien-être physique pourtant plus souhaitable.

    Le court terme prévaut aussi souvent dans les entreprises : la logique de rentabilité et de profits économiques immédiats peuvent primer toute autre valeur. Les pays émergents connaissent une problématique particulière : ils préfèrent davantage valoriser leur croissance économique que leurs enjeux environnementaux. Premièrement par nécessité voire volonté de rattrapage par rapport aux pays industrialisés. Mais surtout parce qu’ils veulent améliorer leur niveau de vie. Ils considèrent ces objectifs comme plus urgents. Les problématiques diffèrent dans les pays développés et dans les pays en voie de développement : les premiers s’astreignent à manger plus de fruits et de légumes, les seconds chercheront à se nourrir.

    Alors comment s’émanciper des décisions prises pour satisfaire des besoins à court terme ? Quand la facilité de l’immédiateté prime, comment se projeter de manière responsable dans des décisions à long terme ?

    Il semble par conséquent nécessaire de créer des incitations, sinon des obligations. Tout ceci est une question de motivations.

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